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Les zapatistes débarquent en Europe ! En quoi cette expérience a-t-elle touchée toute une génération de militant·es ?

Crédit photo: Francisco Lion

Cet été, plus d’une centaine de zapatistes, essentiellement des femmes, venus tout droit du Chiapas au Mexique sillonneront l’Europe. Elles participeront aux rencontres et activités préparées depuis des mois par des centaines de collectifs et d’organisations, dans les nombreux pays où elles ont été invités. Elles seront aussi en Belgique pour rencontrer celles et ceux qui luttent ici. Cette visite est historique, c’est la première fois que les zapatistes prennent l’initiative d’aller ainsi à la rencontre des luttes partout où elles se déroulent, en Europe et dans le monde. L’objectif est de renforcer les luttes d’en bas et à gauche dans nos régions ainsi que de créer des réseaux avec leurs propres luttes. Pour mieux comprendre, les attachements qu’entretiennent certain·es militant·es de chez nous avec la lutte des zapatistes et les enjeux liés à leur visite, nous avons interviewé Karmen, Fred et Zoé qui à l’invitation des zapatistes à « cheminer en posant des questions » ont toujours répondu présents.

Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) ?

— Zoé : Cela fait 25 ans que je milite dans des collectifs et associations. J’ai toujours travaillé dans l’éducation populaire. Quand le 1er janvier 1994, l’EZLN surgit, j’étais encore étudiante. Le choix de la date d’entrée en vigueur du traité de libre-échange, entre le Mexique, les USA et le Canada, pour se soulever a tout de suite suscité de la sympathie. D’emblée, les zapatistes établissaient un lien entre leur réalité locale de groupe indigène et la réalité de la mondialisation. Ensuite deux ans plus tard, il y a eu l’appel à une rencontre «Intercontinentale pour l’Humanité et contre le Néolibéralisme» qui a réuni près de 5 000 personnes de 42 pays. C’était un véritable appel à tisser des ponts entre différentes réalités. Ce qui m’a littéralement touchée, c’est qu’ils nous disaient que ce qui leur importait le plus, c’était qu’on lutte dans nos réalités, qu’on soit solidaire et en contact.

— Karmen : A partir de 1996, j’ai pris la peine de m’intéresser à ce que qui se passait au Chiapas, surtout au moment du massacre d’Acteal (1). J’ai intégré un comité de solidarité, à l’époque je vivais à Madrid, et découvert ainsi leurs propositions politiques. Elles étaient en dehors des normes de ce que l’on entendait à l’époque par la militance de gauche. La crise politique à gauche était énorme. Le mur de Berlin s’était effondré quelques années plus tôt et les théories marxistes-léninistes prenaient l’eau et n’étaient plus suivie comme auparavant. Moi-même, j’étais en crise. Je suis fille d’un réfugié politique espagnol. Mon papa était au Parti Communiste Espagnol et il s’est réfugié en Belgique en 1968. Le zapatisme offrait une alternative pour penser autrement la militance et la transformation sociale. Les zapatistes ne parlaient pas de révolution mais de bien de rébellion.

—Fred : J’ai commencé à les suivre dès 1994. À l’époque, il y avait pas mal de manifs étudiantes dans lesquelles je me suis politisé et donc le zapatisme est venu comme quelque chose qui pouvait nourrir tout ça. Le discours était nouveau et aussi très ancré dans l’histoire de l’Amérique Latine. J’ai donc commencé à militer au Comité Chiapas de Bruxelles. Ce qui était intéressant, c’est que ça réunissait différents courants à gauche, que cela mettait ensemble des générations, des engagements très radicaux à côté d’engagements très pragmatiques, le tout était reconfiguré dans une nouvelle formule politique très horizontale et où se posait la question du pouvoir différemment.

Vous vous êtes rendus dans les zones occupées par l’EZLN. Pouvez-vous raconter ce qui a marqué votre séjour là-bas ?

— Fred : Je suis allé au Chiapas en 1997. J’ai passé presque deux mois dans une communauté zapatiste comme observateur de la paix. Au-delà du romantisme, j’ai découvert ce qu’était une communauté. C’est très particulier en terme de lien et de collectif au quotidien. C’est un autre monde. Cette expérience, pour moi, reste fondatrice d’une nouvelle manière de penser et de faire de la politique même si je trouve que l’on exagère la nouveauté du zapatisme. Il y a plein de choses qui sont recodées ou reconfigurées à partir des traditions indigènes et des mouvements de luttes sud-américains.

— Zoé : La première fois où je suis allée là-bas, c’était en décembre 97, juste après le massacre d’Acteal, vu que les communautés étaient l’objet d’attaques des paramilitaires et de l’armée, les zapatistes avaient appelé à la présence d’observateurs étrangers. Clairement, on sentait de la tension. Je me suis retrouvée dans une communauté où l’armée a débarqué et pointé leurs mitraillettes vers nous. J’étais dans mes petits souliers, j’ai eu la frousse de ma vie. Après je me suis dit « putain, c’est ça qu’ils vivent tous les jours ». Ils étaient en permanence victimes d’intimidation de la part des militaires et du gouvernement. Il y a 5 ans, j’y suis retournée. Les zapatistes avaient invité des sympathisants à partager la vie des communautés pendant une semaine. J’ai habité dans une famille et participé à leurs activités. Il y a eu aussi des moments collectifs où on se retrouvait tous pour échanger.
Au Chiapas, ce qui marque aussi c’est qu’ils se reconnaissent comme mexicain. Ils chantent l’hymne national. Ils ne sont jamais là où on les attend et ils nous surprennent toujours. Dans notre imaginaire, cela ne nous viendrait pas à l’idée de chanter un hymne national. Chez eux, tu peux te sentir appartenir à la nation mexicaine, tout en revendiquant plus d’autonomie pour les communautés indigènes, la possibilité de vivre selon ses propres lois et sa propre façon de faire la justice. C’est perturbant. À l’époque, on ne savait pas vraiment comment les situer. Ce n’était pas un mouvement révolutionnaire classique qui visait à abattre le pouvoir pour le remplacer.

— Karmen : Comme je l’ai dit, à l’époque, j’étais en crise ne sachant pas où aller et que faire pour participer à transformation sociale et politique. J’ai décidé de partir 6 mois et ces 6 mois sont devenus 20 ans. Ce qui m’a passionnée, les 20 ans où je suis restée là-bas, c’est cette découverte de l’autre, cette recherche constante de l’autre. J’ai travaillé dans une ONG proche des zapatistes. Cela m’a très fort interpellée parce que c’est une rencontre anthropologiquement forte. C’est un choc culturel énorme. J’étais habitué à vivre entre deux cultures. J’étais fille de migrante, née en Belgique, repartie en Espagne. Mais la rencontre avec la cosmovision(2) des communautés indigènes a été le plus grand impact que j’ai eu au-delà de leur proposition politique. Je me suis aussi rendue compte qu’autant leurs paroles que leurs propositions, étaient réellement en lien avec toute une vision du monde et de la vie propre à leur culture maya. Cela m’a permis de faire tout un travail décolonial qui s’est passé de manière tout à fait inconsciente et qui a été mis en lumière par la suite grâce à des lectures sur ces questions.

 

Crédit photo: Francisco Lion

Et vous Zoé et Fred : Quelle est la dimension de leur démarche et de leur pratique politique qui vous a frappés ?

— Zoé : Le pied de nez qu’ils faisaient au libre-échange alors en vogue m’a marquée. Puis, le fait d’utiliser le passe-montagne au sens de : « Nous, on prend la parole pour tous les sans visage, les sans paroles ». Se cagouler, c’était pour mieux se montrer. Il y a eux aussi l’utilisation des communiqués et des appels internationaux, l’utilisation des contes, de personnages fictifs comme Don durito della Lacandona(3) qui directement ont peuplé les communiqués du Sous-commandant Marcos. Cela activait l’envie de faire de la rébellion quelque chose de joyeux même si elle est insurgée, armée et qu’il y a des affrontements violents. La poésie, qu’il y avait dans tous les communiqués, a permis de souder la communauté des « zapatisants » et de créer quelque chose de nouveau dans les collectifs en Europe autour de la remise en question de ce qu’est le pouvoir. Ils ne voulaient pas prendre le pouvoir, ils voulaient développer leur autonomie, développer un autre monde où tous les mondes peuvent exister. Depuis 1994, ils ont continué à développer leur propre autonomie, leur façon de s’autogouverner, avec cet aller-retour permanent entre la base et les représentants, avec cette conception du « mandat » politique qui est quelque chose de collectif, qu’on remet à quelqu’un pour un temps déterminé, mais qui reste redevable et qui n’est que le porteur d’une parole. On a complètement perdu ça ici. Nos élus sont totalement hors de contrôle. Cette façon de gouverner m’a paru quelque chose d’intéressant à mettre en place ici. Et je pense que cela a eu une influence sur nos manières de s’organiser ici, d’organiser la manière dont on prend la parole et les décisions.

— Fred : En 1995 c’est les grèves massives en France. En Belgique, les luttes des ouvriers sidérurgistes de Clabecq qui tentent de réquisitionner leur usine. Nous sommes à un moment important de renouveau des luttes. On retrouve des luttes ouvrières, mais aussi celles des chômeur·euses et des sans-papiers. Les zapatistes abordent les questions indigènes, du libre-échange, de l’autonomie qui font directement écho dans les luttes ici. Qu’est-ce qu’un territoire ? Comment on le contrôle ? Qu’est-ce qu’un groupe autonome ? Le zapatisme a inauguré un moment d’intensité des luttes en Europe dans lequel se posait toute une série de questions. Et puis, les communiqués de Marcos étaient toujours plaisants à lire, faisaient plaisir, rire et donnaient à entendre d’autre manière de raconter la lutte.

En quoi les principes mis en place par l’EZLN ont modifié précisément votre vision du monde, de la politique et de l’émancipation ?

— Zoé : Ici en Belgique, à l’époque en 1996 il y a des collectifs à Bruxelles, Liège et Tournai en soutien. Au même moment, il y a un foisonnement de squats, de centres-sociaux, ainsi qu’un renouveau du militantisme et des mouvements sociaux sur Bruxelles. Il y a eu beaucoup de discussions et de remises en question sur l’autonomie des collectifs et comment on se solidarise avec des mouvements du sud. Il y avait eu l’expérience des sandinistes au Nicaragua, mais c’était fois, ce n’était pas pareille. Nous n’étions pas dans un mouvement pour les droits humains et de solidarité avec le Chiapas. C’était bien au-delà. Il y a eu en Belgique des tensions entre ceux qui ne voyaient que la défense des pauvres indiens qui étaient exploités et écrasés par leur gouvernement et ceux qui voyaient l’opportunité d’un autre monde et d’une autre façon de s’organiser. Ces tensions perdurent toujours aujourd’hui.

— Karmen : Il m’est apparu très important de rompre avec cette conception de l’avant-gardisme marxiste-léniniste que j’avais de ma culture politique européenne. Quand j’ai commencé à travailler avec cette ONG locale, on devait travailler avec les autorités communales autonomes. J’avais, en face de moi, des représentants municipaux qui ne savaient ni lire ni écrire, qui parlaient à peine l’espagnol, mais qui représentaient la parole de leur peuple. Sans idéaliser aucunement, j’ai pu voir fonctionner ce rapport au pouvoir où la transformation passe non pas par la prise du pouvoir, mais du bas vers le haut. Ils ont d’ailleurs repris un type d’organisation ancestral et adapté à leur réalité aujourd’hui. Chaque communauté désigne des personnes qui vont les représenter. Elles ne sont pas rémunérées, leur mandat est conçu comme un service à la communauté. C’est une charge énorme. Le système d’élection fonctionne du bas vers le haut. Le principe est celui de mandar obedeciendo . Très difficile à traduire en français, je dirais: commander en obéissant. En obéissant à qui ? Aux communautés. Tu n’as pas le pouvoir, mais je t’octroie la capacité, le droit et la charge de mettre en place ce que je te dis de mettre en place. C’est l’inverse de ce que l’on fait ici. Dans le zapatisme, je crois qu’on n’octroie le pouvoir à personne mais le droit de mettre en place une décision, c’est ce rapport au pouvoir qu’il faut changer.Dans les communautés, on discutait de construire un système de justice autonome. Que faire quand quelqu’un volait ? Violait ? Si quelqu’un battait sa femme ? Cela prenait énormément de temps de discussion. Le rapport au temps n’est pas le même que pour nous occidentaux. Le temps leur appartient. Les assemblées des communautés peuvent durer des heures parce que tout le monde doit être entendu. Même si je ne suis pas d’accord avec toi, je dois t’écouter. Même si tous les deux, on n’est pas d’accord, on doit trouver une manière pour que nous deux on soit content. On doit sortir de cette assemblée en disant : « OK c’est bon. Parce que si tu ne vas pas bien, je ne vais pas bien et si je ne vais pas bien tu ne vas pas bien». C’est une conception du Nous. C’est d’ailleurs la proposition au niveau mondiale du zapatisme : un monde qui contient tous les mondes.

Comment avez-vous changé en pratique vos manières de vous organiser politiquement ici en Belgique ?

— Zoé : Ici les luttes et les groupes de l’époque étaient très axés sur une lecture marxiste-léniniste de la lutte et ils n’arrêtaient pas de s’embrouiller. Il n’y avait plus d’imagination ni de poésie. L’autre élément qui a été marquant, c’est la place des femmes. La première loi révolutionnaire édictée par les zapatistes, c’était la loi révolutionnaire des femmes sur leur droit à s’instruire, à travailler, à une vie sans violence. La réflexion sur la manière d’intégrer les femmes dans la lutte était plutôt une idée novatrice et en tout cas pas du tout centrale à l’époque dans les groupes militants.

— Fred : L’idée d’un soulèvement populaire qui se maintient dans la durée et qui pose la question de l’organisation cela reste important à mes yeux. Souvent, on est dans des clivages très forts. Soit on instrumentalise le soulèvement, il est tout de suite récupéré par un parti politique ou enfermé dans les parlements. Soit l’insurrection pure et dure, où on s’interdit de penser le lendemain. Le zapatisme a à mon sens réussi à poser la double question de l’insurrection populaire et de l’institution de la lutte dans la durée. Comment on invente et on force la création d’un espace politique qui n’existait pas avant cela ? Ils ont imposé un lieu où pouvait se poser ce genre de question. Concrètement, nous aussi sur Bruxelles, on était en recherche de formes de luttes qui permettraient de créer justement de nouveaux espaces. Nous avons occupé des lieux où s’est posé la question de trouver des exemples, un héritage. Pour moi, il y avait chez les zapatistes des outils dont on pouvait s’inspirer. Comment on occupe un lieu ? Et puis comment on s’organise ? Comment on réunit différentes luttes, on pense l’autonomie ? Comment on arrive à poser la question de la discrimination des femmes. Cela donnait de l’inspiration et de la puissance.

Depuis maintenant plus de 25 ans, après l’insurrection zapatiste, quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

— Karmen: Un jour, en réunion avec les autorités, on arrive avec une enveloppe pour un projet et on dit : « On a autant d’argent pour tel projet ». On est très enthousiaste, eux restent sérieux et graves : « On va en parler à l’assemblée des peuples ». Je pose la question : « quoi vous n’êtes pas contents ?» Ils me répondent : « Compa, quand l’argent passe par la porte, ce n’est pas la solution qui passe la porte, c’est le problème ». Il voulait dire par là que la solution elle est en nous. Évidemment que l’argent est un moyen étant donné le monde dans lequel on vit, mais c’est notre force et nos liens qui vont faire en sorte que l’on s’en sort. Nous devons retrouver notre capacité à résoudre les problèmes en commun. Récupérons nos liens, notre capacité qu’on nous a enlevées par la présence de cette structure de l’Etat omniprésente et à laquelle on se limite pour résoudre les problèmes. S’il y a quelque chose que la situation de pandémie a permis de rendre visible, c’est le non-sens de l’organisation politique et sociale de notre société. Moi qui suis partie longtemps là-bas, je peux dire qu’au final nous n’avons pas besoin de grand-chose pour vivre. On vivait dans des communautés où il n’y avait pas électricité ni d’eau courante, on se lavait dans la rivière. Je le dis sans idéaliser, c’est très dur, mais quand tu vois ça, tu vois que le confort a été une manière de nous faire accepter beaucoup trop de choses. Il faut pouvoir remettre en question notre vision de la modernité. Nous n’avons pas besoin de nous insérer dans une logique qui va détruire notre milieu et détruire nos liens. Les zapatistes proposent de changer la manière de construire les propositions. Il n’y a pas un livre, une théorie ou une avant-garde, mais une pratique et cette méthode de construction de théorie par la pratique est « Caminar preguntar », c’est-à-dire marcher, avancer tout en interrogeant constamment la réalité. Il y a aussi l’idée que l’histoire, la généalogie des choses, la sagesse des personnes âgées comptent pour continuer à avancer. Il faut construire un nouvel imaginaire autour de ce que l’on considéré être le bonheur. Les zapatistes ont le « buen vivir », un principe indigène et une conception de la convivialité qui intègrent les droits de la Terre, la réciprocité et le partage des surplus ; qui considère que tout le monde doit être bien et aussi que nous faisons partie de la nature. Quand on parle d’écologie à un zapatiste, cela ne fait aucun sens parce qu’il considère que la vache qui est là et l’arbre qui est là fait partie d’un tout et à partir du moment où on ne respecte pas le tout cela ne peut pas fonctionner.

— Fred : Il y a toujours une actualité du zapatisme aujourd’hui. En Amérique Latine, les luttes paysannes restent très importantes et le zapatisme est toujours une référence. Ici, cela reste une référence pour la manière d’aborder les luttes. Regardez les Kurdes et la question du municipalisme, la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, les manifestations et l’occupation des places. On retrouve les questions sur la durée du soulèvement et l’occupation.

Une délégation de l’EZLN va bientôt arriver en Belgique pour des rencontres avec des collectifs en lutte ici. En quoi pensez-vous que c’est une opportunité pour nous et pour eux ?

—Fred : Le sens politique de leur venue est double. D’abord, pour eux c’est une manière de relancer les liens internationaux qui s’étaient distendus ou circonscrits aux groupes de soutien. Et d’autre part, ici ça permet de se rencontrer entre différentes luttes et de se fédérer en bas à gauche. Ils nous obligent à nous poser la question de l’actualité des luttes aujourd’hui en Belgique. C’est une belle occasion de penser son action. C’est quoi les luttes aujourd’hui ici en Europe ? Qu’est-ce qu’on a envie de leur montrer ? Qu’est qu’on a de commun ? Attention par contre, c’est clair qu’on est dans un moment d’accroissement des clivages. Il y a un éclatement des luttes. On est dans un moment de concurrence entre les luttes. Par exemple, les zapatistes ont tenté d’éviter les polémiques sur les questions de concurrence entre race et exploitation et de déjouer le faux dilemme sur les luttes prioritaire et plus légitime. Comme eux, il faut penser ensemble ses luttes.

— Zoé : Le premier octobre 2020 ; lorsqu’ils balancent ce communiqué en disant qu’une montagne va traverser l’océan : « Préparez-vous », j’ai senti une émotion très forte. Je ne sais pas vraiment expliquer peut-être que c’était le moment pour nous de leur rendre ce qu’ils nous ont donné. Depuis six mois, il y a des gens qui n’avaient jamais entendu parler des zapatistes, qui disent maintenant qu’ils veulent partager avec eux. Je trouve ça super émouvant aussi de voir que des jeunes se mobilisent pour la venue des zapatistes. J’espère aussi que l’on pourra faire des échanges intergénérationnels entre cette génération, qui était mobilisée il y a 30 ans, et la jeune génération qui vient avec des questionnements que nous n’avions pas. Comme par exemple sur les personnes trans, queers et les mouvements décoloniaux. C’est une opportunité de faire quelque chose ensemble qui nous dépasse. J’ai vraiment de l’espoir. Il y a vraiment une montagne qui va traverser la mer.

— Karmen : C’est l’occasion de se demander: Est-ce qu’on pourrait s’organiser, militer, construire et faire autrement ?

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